samedi 5 février 2022

Pour une pandémie plus démocratique (ne sera surement pas publiée!)

 

Pour une pandémie plus démocratique

 

Le fait est indéniable que nous sommes rendus à ce point de la pandémie où la cohésion sociale montre des brèches importantes et, comme des fissures qui apparaissent dans la fondation d’une maison, on sait que ça ne s’améliorera pas.

Retards dans les diagnostics de cancer, effet sur la santé mentale, etc… nous comprenons tous un peu aussi que le point optimal de contrôle de la pandémie est dépassé. En ce sens nous en sommes au point où l’accroissement des mesures pour contrôler les morts causés par la COVID causera probablement un accroissement à long terme plus grand de la mortalité globale.

Il y a aussi ces quelques 10% de notre société qui refuse le geste de solidarité sanitaire que représente la vaccination. Il est fort possible que ce chiffre soit une limite optimale aussi, les sociologues en débâteront plus tard. C’est typique de tous les processus humains et industriels: ça prend 10% de l’effort pour faire les premiers 90% d’un travail et 90% d’effort pour faire le dernier 10%. Au niveau des couts, atteindre le 100% est toujours extrêmement prohibitif. Ces gens ne comprennent évidemment pas la chance qu’ils ont de vivre dans une société égalitaire de gauche, où l’on tente de répartir les avantages de la vie vécue sans égard aux privilèges que donne la richesse dans les pays de droite par comparaison.

Mais au point de la pandémie actuelle, avec une disponibilité sans limite de moyens de protection, tels masques et vaccins, ne serait-il pas le bon moment pour retourner aux sources du concept de société juste et égalitaire? La vraie société juste se caractérise non pas par l’égalité des gens mais plus par l’égalité des chances des gens dans la vie. Et cela devrait être ainsi pour la fin de cette pandémie selon moi. Une attitude un peu comme en Irlande où les gens sont très libres mais bien au fait que la pandémie continue. Vaccins et masques disponibles gratuitement, chances égales pour tout le monde. Sans égards à votre intelligence ou prudence, vous assumez. Et pourquoi pas une mesure exceptionnelle d’Internet gratuit pour tous, pour s’assurer que tous puissent avoir accès à l’information.

Il y a bien sûr la question du système de santé qui est au cœur de toute la stratégie de lutte à la COVID. Un nombre limite de lits et ressources dédiés à la COVID devrait être déterminé à l’avance et connus de tous. Statistiques bien connues et détaillées aussi. Hospitalisations et morts par type de personne, avec maladies sous-jacentes, par tranches d’âge, etc… Taux d’occupation des lits par région et prévision, etc…Ainsi, si vous faites le choix d’aller dans un bar pour privilégier votre santé mentale, c’est votre choix et il est bon comme un autre, et vous savez quel risque vous prenez, même celui de vous retrouver fiévreux dans un lit de camp dans une tente à l’hôpital.  Et de manière similaire à ‘L’ignorance de la loi n’est pas une excuse’ ainsi ira de l’ignorance des risques. Effet paradoxal de cette idée, puisque que la vaccination et l’infection ont un produit final commun, les anticorps, un peu de ‘slack’ permettrait une ‘vaccination sans injection’ des 10% récalcitrants.

La limitation des ressources hospitalières pourrait sembler extrême, voir injuste. C’est déjà très injuste pour bien des gens, les ‘malades normaux’. Car c’est ignorer le fait que nous expérimentons depuis déjà un bon moment un mode de délestage de soins, tel que ceux reliés au cancer. Qu’on on est rendu à parler de ‘cancer non-urgent’ (lu dans les pages de ce journal), on prend conscience de cela. ‘Monsieur, votre cancer n’en est qu’au stade 1, alors SVP, prenez votre mal en patience!’. (Je sais que tous les cancers n’ont pas la même agressivité mais le savoir est bien différent que de le vivre).

Un argument peut être fait aussi en faveur d’un certain laisser-aller à propos des variants. L’épopée des différents variants est un exemple frappant de sélection naturelle : les variants les plus contagieux survivent et écrasent les autres. La contagiosité est le facteur dominant dans ce processus. A un niveau beaucoup moindre pour la majorité des virus, il y a la question de l’équilibre ‘symbiotique’ avec l’hôte : pour survivre et se propager les virus ne doivent pas tuer leur hôte (trop rapidement en tout cas). Mais en bas d’un certain % de mortalité, ce facteur et négligeable. Pour la 1re vague de la COVID-19, ce taux de mortalité était aux alentours de 1%, ce qui est à la fois un chiffre très élevé du point de vue de la morale humaine aussi totalement négligeable du point de vue de la survie du virus.

Les mutations du virus sont complètement aléatoires et leurs effets mesurables conséquemment : contagiosité et mortalité per capita, et il n’y a, a priori, aucun lien entre ces 2 propriétés. La contagiosité évolue selon une règle de compétition entre variants, mais pas la dangerosité (en bas d’un certain seuil, bien sûr, dont nous sommes très loin). D’autre part, la vaccination et l’infection passée tende à rendre moins dangereuse les nouvelles infections malgré les différences génétiques des virus. Je pense donc que nous devrions comprendre et saisir notre chance ici face au variant Omicron : le variant Omiron ayant une dangerosité apparente moindre, nous devrions en profiter pour obtenir une immunité globale plus grande car aucun facteur connu ne contrôle l’évolution de la dangerosité des variants du virus de la COVID. Par exemple, si la mortalité du prochain variant du virus montait à 2 ou 3%, cela n’affecterait en rien la propagation du virus au niveau de la sélection naturelle mais imaginez les conséquences humaines.

 

Christian Dufour

5 février 2022

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