samedi 29 octobre 2022

Ce plastique que nous mangeons (Lettre non-publiée, 18 août 2022)

Des recherches récentes tendent à montrer que les humains ingèrent des quantités inédites de plastique par le truchement de leurs aliments et boissons diverses. Ceci est vraiment inquiétant étant donné les implications possibles sur la santé humaine. 

Une des conclusions spectaculaires de ces études provient d’une méta-étude en provenance de l’Université de New Castle** qui montrait qu’il est possible, selon certaines hypothèses, que nous ingérions jusqu’à 5 grammes de microplastiques par semaine, soit en environ le poids d’une carte de crédit. Cette nouvelle a été diffusée dans de nombreux médias internationaux et reprises ailleurs, avec une mention dans une chronique du Devoir

Par souci d’exactitude et en simplifiant quelque peu, ladite étude débouche en fait sur 3 scénarios d’ingestion de plastique également probables à priori, et les 2 autres scénarios résultaient en des ingestions de 18 et 55 fois moindres respectivement que celui repris par les médias du monde. Le pire scénario indique de plus que 90% du plastique proviendrait de l’eau, indifféremment de l’aqueduc ou en bouteille, ce qui est plutôt difficile à admettre sensoriellement parlant.  

La pollution par le plastique est un problème très insidieux et cette lettre ne vise aucunement à en diminuer l’Importance. Mais il convient d’éviter les exagérations faciles et rapides qui pourraient rendre le sujet impraticable et retarder ainsi les investissements requis pour approfondir la question. Je cite mon défunt professeur Jean-Charles Gilles de l’Université Laval : ’Nous sommes pressés, alors procédons lentement, pour le faire une seule fois’. Il parlait du développement d’une équation de mathématiques alors. Il aurait pu parler de la science en général. 

**K. Senathirajah et al., ‘Estimation of the mass of microplastics ingested – A pivotal first step towards human health risk assessment’, https://doi.org/10.1016/j.jhazmat.2020.124004, 2020, Elsevier. 

Christian Dufour, Ph.D. 


Addendum

Après de nombreuses discussions avec le journaliste du Devoir qui a repris cette nouvelle de l'ingestion de 250g par année sans la vérifier, j'ai porté plainte au Conseil de Presse du Québec et ma demande a été jugée recevable. More to come.

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