samedi 29 octobre 2022

L’éléphant dans la pièce intitulée ‘La Terre se meure’ (Lettre non-publiée, 8 septembre 2022)

Les humains sont un virus pour la Terre et tel un virus, nous nous multiplions jusqu’à tuer notre hôte. Pour aller ensuite sur un autre hôte? Désolé Mr. Musk, la planète rouge est déjà inhabitable. Près de 8 milliards d’êtres humains sur Terre en 2022; nous serons entre 11 et 15 milliards à la fin du siècle selon différents scénarios de l’ONU. 

Et le temps passe, les démocraties sont victimes de leur inertie propre et les mentalités changent lentement, et donc nos dirigeants. Prenons le Canada. On a beau dire et souhaiter diminuer nos émissions de CO2 et autres sources de pollution, nous ne pouvons que donner un exemple car notre poids démographique et notre impact global est négligeable. Que tous les Canadiens aient une auto électrique ne changerait rien au phénomène de réchauffement global si l’Inde ou la Chine continue à brûler son charbon. Mais cela est peu probable de toute façon, la nature même de la démocratie combinée à nos conditionnements de consommateurs invétérés, multiplié par les phénomènes YOLO des réseaux sociaux font que personne ne veut se priver et donc aucun dirigeant ne peut se faire élire sous une bannière de décroissance. Ceci explique cela et il semble que nous sommes foutus. 

Nonobstant ces considérations déprimantes, il pourrait être dit que les pays économiquement avancés ont en eux-mêmes un germe de solution à long terme : la baisse du taux de natalité. 

Il est connu que si l’on se fiait uniquement à la natalité, les populations des pays industrialisés auraient de la difficulté à se maintenir. Économiquement, cela aurait des impacts importants sur la croissance économique si l’on n’avait pas recours à l’immigration. Le lien est facile à faire entre croissance de la population, croissance économique globale (mais pas nécessairement per capita) et décrépitude de l’environnement terrestre. 

Si le Canada (ou le Québec) venait à donner un vrai exemple réaliste de société respectant la nature, il pourrait se donner cet objectif : taux de croissance de la population nul et croissance de PIB per capita. 

Cet objectif imposerait des mesures très difficiles tel une baisse marquée de l’immigration, qui servirait alors juste à combler le taux de naissance insuffisant au besoin. Il forcerait aussi trouver des solutions à des problèmes qui surviendraient immanquablement par suite d’une croissance nulle de population, telle la pénurie de main d’œuvre. Au Québec par exemple, qui cueillerait les légumes, job plate s’il en est une? Si des robots semi-autonomes peuvent aller faire la guerre, ils pourraient sûrement racler la terre et faire des semis. Qui n’a pas vu les robots s’occupant de personnes âgées durant la phase aigüe de la pandémie aussi? Tout est une question de choix et d’efficacité. En mode de croissance démographique nulle, le critère économique serait le PIB per capita et la robotisation et l’automatisation joueraient un rôle important fort probablement. L’éducation revêtirait une importance renouvelée dans ce monde, pour gens de tout âge, pour améliorer l’usage de la main d’œuvre, plus rare et plus précieuse. 

Au niveau démocratique aussi, il serait plus facile de faire adopter ces mesures aussi car elles n’impactent pas directement ni immédiatement la population votante.  On peut simplement entrevoir une certaine résistance de la classe affaire du pays qui se fait couper une main-d’œuvre abordable et il en découlera nécessairement une certaine inflation. Il faut s’attendre aussi à une encore plus grande résistance ‘woke’ aussi car cette politique a des aspects pouvant être confondus avec de la xénophobie. Mais il faut une certaine lucidité justement pour admettre le problème en premier lieu et se demander comment le résoudre dans un échiquier mondial où chaque pays joue pour lui d’abord.

 

Christian Dufour

8 septembre 2022  

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