vendredi 24 janvier 2020

Pour une règlementation de l’usage de Facebook à des fins politiques (Lettre non-publiée, 2018)

Titre: Pour une règlementation de l’usage de Facebook à des fins politiques

Je trouve toujours troublant quand Le Devoir offre une tribune à des gens de l’IEDM. Ce fut encore le cas jeudi dans la section Libre Opinion, le président de l’IEDM s’y portant en gros à la défense des méthodes de la compagnie Cambridge Analytica quant à l’usage des données personnelles par les géants du web.
Les études sur l’impact de Cambrige Analytica sur le Brexit et l’élection de Donald Trump sont en cours et laissent peu de place au doute. Impact il y a eu et la planète entière en vie les conséquences, la ministre Freeland parlant même hier de menace pour l’ordre économique mondiale issu de la 2eGuerre Mondiale.
Selon M. Kelly-Gagnon, il faut responsabiliser les citoyens et faire confiance au bon peuple face à des techniques de manipulation d’opinions extrêmement raffinées et des désinformations ciblées. Je crois au contraire qu’il faut baliser l’usage des Facebook de ce monde, notamment pour son usage à des fins politiques.
La méthode traditionnelle de vente politique consiste à répandre un certain message par des voies de communication accessibles et universelles, tel des débats ou publicités sur des grands réseaux de télévision. Une fausseté dite dans ces contextes est vite repérée et contredite, et son impact minimisé. La contraste est frappant dans Facebook qui paradoxalement réunit les gens et les isole à la fois. Tout le monde est connecté en apparence sur Facebook mais l’information est extrêmement fragmentée, chacun recevant son fil d’actualité et propres publicités. En politique, ceci est très pratique car il permet de cibler certains groupes de personnes à coût réduit, tout en limitant le risque de dérapage si un ‘post’ franchi la frontière du Fake News. La désinformation peut sévir silencieusement alors.
L’immensité du problème est telle que bien prudents devraient être les remèdes, Facebook faisant maintenant parti de nos vies au quotidien. Une voie de solution est de réglementer la fragmentation des informations et publicités politiques ou carrément de les interdire. Une telle législation serait bien sûr très compliquée à faire respecter, j’en conviens. Ce débat doit néanmoins être fait pour le bien de notre démocratie.

Christian Dufour,
Lévis

5 avril 2018

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